La santé mentale des français s’affaiblit, que se passe-t-il ?

Le dernier gouvernement a annoncé que  « la santé mentale des français devra être la grande cause nationale de 2025 » et ce, par l’intermédiaire de déstygmatisation des troubles psychiques, par un développement de la prévention, un repérage dès le plus jeune âge, un accompagnement dans le quotidien des personnes concernées, une amélioration pour l’accès aux soins. (gouv.fr)

C’est pourquoi aujourd’hui nous vous proposons un article sur cette thématique vous démontrant l’importance des chiffres liés à ce sujet, quelles en sont les causes et quelles solutions sont et/ou vont être mises en place.

1. Quelques données sur la santé mentale

Aujourd’hui tant de raisons influent sur l’augmentation des épisodes dépressifs caractérisés (dit EDC) notamment par un climat économique, politique, écologique, sociétal, environnemental de plus en plus anxiogène.

Sur l’année 2024, nous avons près de 57% de français qui disent penser à leur bien être mental tandis que 1 français sur 5 dit avoir connu un épisode dépressif de plusieurs semaines.

A l’échelle mondiale, 45% des problèmes de santé proviennent de la santé mentale contre 38% pour les cancers caractérisant l’importance non négligeable de ces troubles. En France 1 tiers de la population considère que c’est un problème de santé majeur.

C’est d’ailleurs depuis l’épisode épidémique de la COVID-19 que nous avons pu sensiblement observer un accroissement des troubles liés à l’anxiété, le stress ou bien même des troubles dépressifs liés notamment à l’isolement social, les conditions de confinements (logements précaires).

Évolution des passages aux Urgences pour gestes suicidaires dès 11-17 ans entre 2018 et 2022 (Source : Santé Publique France)

Les plus jeunes ont été ceux pour lesquelles les périodes de confinement n’ont cessées d’agir sur leur système mental déclenchant troubles de l’humeur ou gestes et pensées liés au suicide se multipliant par 2 fois le nombre de passage au urgences avant les confinements et les chiffres ne sont plus jamais revenus comme avant.

2. Aujourd'hui, quels sont les évènements qui affectent notre santé

L'éco-anxiété* : l'inquiétude pour l'avenir de notre monde

En octobre 2023, près de 80% disent être « inquiets des conséquences du dérèglement climatique sur le monde » selon une étude du CESE.
Touchant d’ailleurs les plus jeunes qui se disent avoir un rôle majeur à jouer pour les années à venir qui leur donne une responsabilité majeure au bienfait environnemental déjà bien abîmé à ce jour.

Cela peut être vecteur d’angoisse, de peur, de stress, de la colère face aux détracteurs qui existent à ce jour.
Mais pour garder un élan d’espoir, il faut rappeler que cette jeune génération entre petit à petit dans le monde du travail et souhaite bouleverser les codes en mettant plus en avant les valeurs qu’elles défendent, notamment environnementale. Les déplacements répétés, l’engagement dans une structure ne respectant pas les normes environnementales fidèles aux valeurs de ces futurs travailleurs, les sociétés usant du Greenwashing abusif etc…

L'inflation : une hausse de prix constante

Aujourd’hui la hausse des prix constants ne cesse de fragiliser les français sur le plan financier et donc mental. En effet, la lutte pour subvenir aux besoins fondamentaux est de plus en plus rude et les français estiment avoir du mal à vivre avec les revenus de leur foyer (56% en 2022). 

De fait, cela va impacter sur la vie quotidienne des personnes en difficultés financières à pouvoir se nourrir de moments liés aux loisirs et/ou médicaux qui peuvent impacter sur l’équilibre mental.

Une étude menée par l’IFOP est assez alarmante démontrant que près de 60% des français ont réduit les dépenses alimentaires liées à l’augmentation des prix en 2023 contre 29% en 2007. Cela s’explique par la forte augmentation des produits alimentaires et le reste (cf. graphique)

L’augmentation des prix par secteurs depuis 2018 (Source : INSEE)

Politique : la montée des extrêmes préoccupante

Après la victoire de l’extrême droite aux élections européennes en juin 2024, un climat de peur s’est installé en France, suivi par la dissolution de l’Assemblée nationale qui a eu le pouvoir d’empêcher ce même scénario par la forte mobilisation des électeurs français.

La dissolution du gouvernement par quatre fois sur l’année 2024 démontre l’instabilité politique qui règne sur le pays et auprès de ses citoyens. Créant pour chaque nouvelle nomination des incertitudes, une instabilité morale et politique et des désaccords supplémentaires.

La politique d’aujourd’hui désintéresse de plus en plus de monde en France, et pour cause ; des médias de plus en plus orientés, des femmes et hommes politiques ne montrant que du mépris pour les réelles causes à défendre à l’égard ses opposants sans réelles preuves quelconques, des accusations judiciaires pour lesquelles ils esquivent les sanctions devant être émises juridiquement… 

Paradoxalement, les jeunes âgés de 15 à 30 ans (environ 3 jeunes sur 10 en 2024 d’après le CREDOC**) donnent de plus en plus de leur temps dans le milieu associatif dans le cadre de bénévolat, contre 25% en 2023. Et nous notons des augmentations dans les milieux associatifs liés à l’environnement et l’action humanitaire et l’aide au développement démontrant une réelle envie d’agir pour du mieux dans notre monde actuel.
Ce qui peut être porteur d’espoir pour un avenir plus politisé et engagé qu’aujourd’hui…

Engagement bénévole entre 2023 et 2024

3. Comment prendre soin de la santé mentale ?

La santé mentale est différente selon chaque individu par les traumatismes du passé, la structure psychique, l’environnement personnel et/ou professionnel, etc… Mais pour autant il ne faut pas négliger le fait de pouvoir prendre soin de cet équilibre émotionnel et cela peut passer par plusieurs moyens différents.

Il y a évidemment les moyens médicaux, par la consultation de thérapeute, psychologue, médecin généraliste, sophrologue, énergéticien qui peuvent être pour un accompagnement lors d’une période plus compliquée dans une vie aussi bien qu’un accompagnement tout au long de sa vie.

Ces médecines sont d’ailleurs beaucoup trop négligées à ce jour, peu ou pas assez de personnes passent le cap de consulter ces spécialistes pour une raison de « norme sociétale ».

A noter tout de même qu’il y a une forte hausse des consultations chez un psychologue entre 2023 et 2024, avec près de 8 millions de consultations (arrêtées à novembre 2024) soit une hausse de 13.8% à cette même date en 2023. Les 2/3 des patients sont des femmes mais la courbe de consultation masculine augmente fortement par rapport à 2023 (+29%).

La tranche d’âge ayant le plus souvent accès à ces soins est les 18-24 ans, démontrant de nouveau une forte détresse. De plus, l’Etat avec l’assurance maladie a mis en place un accès au soin plus raisonné avec un remboursement total à hauteur de 50€/séance pour chaque mois. Ce qui peut encourager les plus précaires à accéder à ce genre de soins qui étaient auparavant un budget coûteux. 

Pour mieux comprendre :

Le sport est également un vecteur de bienfait mental et physique pour l’organisme. 
En effet, pratiquer un sport favorise le sommeil, peut créer des relations sociales, libère dans le corps des hormones telles que l’endorphine (plaisir) ou la dopamine (bonheur) qui permettent de réduire le stress et l’anxiété. 

Passer du temps avec le vivant est aussi un moyen de pouvoir recentrer son attention sur les choses plus essentielles de la vie, réduire également le stress et se connecter pleinement à ce qui nous lie avec la planète. Parcs, forêts, montagne, lac, océan, mer sont une source inépuisable pour notre bienfait individuel. 
Chaque individu est unique et les ressources de certains sont différentes d’autres. Il est important de déceler ce qui nous « nourrit » émotionnellement, intellectuellement pour savoir prendre soin de soi. Je vous ai cité quelques exemples peu avant mais cela peut passer aussi bien par l’art, les activités en intérieur, être en collectivité avec ses amis, par des activités ludiques, des activités créatives, etc… 

Pour ce faire, l’aide d’un médecin spécialisé n’est pas à exclure dans sa démarche personnelle, bien au contraire c’est recommandable.

Il existe également les médecines non conventionnelles dites « douces » liées au corps et à l’esprit encore trop peu connues auprès du grand public et trop peu reconnues auprès de l’ordre des médecins qui pourtant ont des effets bénéfiques sur les individus les pratiquant.

4. Quelles sont les mesures à venir ?

L’Etat français a annoncé mettre un point d’honneur à la santé mentale des français en 2025 mais que devons-nous attendre dans les jours/semaines/mois à venir ?

A l’heure actuelle, le gouvernement de François Bayrou n’a pas communiqué plus en détail les mesures souhaitées pour privilégier la santé mentale en France, mais certaines idées ont été évoquées pendant le gouvernement de Michel Barnier (mettant la santé mentale au cœur des préoccupations également) :

  • Par la déstigmatisation de la santé mentale est une importance à forte échelle.
  • Un accompagnement dans les établissements scolaires dès le plus jeune âge pour y faire de la prévention et également un suivi plus poussé auprès des jeunes enfants.
  • Depuis peu, les consultations avec un psychologue sont remboursées en intégralité marquant un pas significatif pour l’amélioration de la santé mentale.

Conclusion

Plusieurs facteurs sont donc à l’origine d’une santé mentale en déclin en France, notamment depuis l’épisode du coronavirus. Les plus jeunes ayant été ceux les plus touchés et qui aujourd’hui encore sont les plus fragilisés actuellement mais ils sont ceux qui sont également les plus engagés auprès d’associations afin de vouloir faire changer les choses, leur monde et promouvoir le mieux pour leur avenir. 

Plusieurs moyens existent ; médicaux, sportifs, environnementaux, afin de pouvoir prendre soin au mieux de sa santé mentale. 

La France a permis le remboursement de consultations avec les psychologues facilitant l’accès à ce type de soin. Malgré cela, d’autres mesures sont à prévoir afin de mieux travailler sur ce sujet qui fût trop longtemps mit sous silence et négligé par nombre d’entre nous. 

 

* détresse psychologique liée au préoccupations sur les changements climatiques, dégradation de l’environnement manifestée par l’impuissance, la culpabilité, la tristesse de ne pas pouvoir être acteur majeur des changements à opérer.

** Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie.

Sources :

C’est quoi une espèce charismatique ?

1. De quoi parle-t-on ?

Quand le terme “espèce charismatique” est employé, il se réfère à certains animaux sur-représentés pour englober l’ensemble des espèces vivantes. Souvent, ces animaux peuvent répondre aux qualificatifs suivants : imposants par leur taille, beaux (par leurs couleurs, leur morphologie), rareté (par rapport à la géographie du public), risque d’extinction. Ce sont tout simplement les espèces appréciées, délaissant souvent les autres. Fondation biodiversité propose d’ailleurs une liste des animaux considérés comme étant les plus charismatiques : Top 10 animaux charismatiques, à travers laquelle, on remarque que plus de la moitié sont des félins.

Divers exemples connus existent comme WWF avec leur logo du panda ou bien les affiches de zoos montrant en gros plan, les grands félins ou des animaux imposants comme l’éléphant, le dauphin… Ce qui pose de gros problèmes pour les associations de conservation ainsi que pour les recherches.

2. La biodiversité au centre du débat

Au-delà des différents recensements disponibles sur Internet concernant la disparition de la biodiversité au cours des dernières décennies, deux données sont à souligner :

La première concerne le nombre d’espèces connues, réparties par classe par rapport aux espèces recensées dans la Liste rouge d’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Comme le montre la Figure 1, les données sont disproportionnées, prouvant une connaissances insuffisante en l’occurrence pour les insectes et les mollusques. Ceci explique donc pourquoi les espèces dites « charismatiques » sont plus représentées dans notre quotidien.

Figure 1 : Comparaison entre le nombre d’espèces connues avec le nombre d’espèces cataloguées dans la Liste rouge de l’UICN 

Source : Cowie, Bouchet et Fontaine, 2022, “The Sixth Mass Extinction: fact, fiction or speculation?

La deuxième donnée importante à retenir concerne des chiffres bien loin de la réalité en ce qui concerne la vraie proportion d’espèces existants à travers le monde. 

Par exemple, le déclin constant des espèces d’amphibiens durant le dernier demi-siècle est plus qu’alarmant. Pourtant, si un quart de la population globale des amphibiens est gravement menacée, il y a fort à penser que ce chiffre est amenuisé par le fait que beaucoup d’espèces nous sont encore inconnues à ce jour. Un bon exemple est représenté par l’emblématique crapaud doré (Incilius periglenes), avec quelques milliers d’individus observés par des scientifiques entre 1973 et 1986 au Costa Rica avant de disparaître complètement des radars en 1989. Ce court laps de temps ne permet donc pas un recensement suffisant pour qualifier toutes les espèces découvertes.

Il faut aussi comprendre que ces espèces dont on ne parle pas, ont un rôle tout aussi important dans nos écosystèmes. Par exemple, la présence de certains poissons permet de certifier de la qualité de l’eau douce, comme la bondelle (Coregonus oxyrinchus). Si on pense souvent à l’abeille pour polliniser, les papillons et les fourmis peuvent aussi remplir ce rôle. Quant aux vers de terre, les champs d’agriculteurs auraient bien du mal à vivre sans leurs constants déplacements qui retournent la terre. Ainsi, espèces charismatiques ou non, toutes méritent d’être mieux connues et protégées.

Le graphique ci-dessous illustre la classification des espèces en fonction de nombre d’individus dans une population, de leur répartition géographique, de la rapidité de leur déclin, etc. Malheureusement, beaucoup d’espèces sont fréquemment découvertes au moment où elles sont déjà considérées comme en danger ou en danger critique. Il est rare que les efforts mis en place soient suffisants pour les protéger, souvent par manque de connaissances de leur milieu et de leurs habitudes (alimentaires, comportementales, etc).

Figure 2 : Classification des risques d’extinction des différentes espèces en fonction de divers facteurs

Source : North Africa Trees

3. Et concrètement, qu’en pense Mère Nature ?

À titre de comparaison, pour comprendre l’impact réel des espèces charismatiques, prenons deux espèces éteintes : le mammouth et le crapaud doré, mentionné plus haut.

Le mammouth est un ancêtre des éléphants, disparu environ 6400 ans avant aujourd’hui. Le spécimen le mieux préservé est un bébé mammouth d’un an, nommé Iana, découvert en Iakoutie en décembre 2024. Malgré une technologie de clonage encore loin d’être au point et les problèmes d’éthiques concernant le bien-être animal, cela suffit à rendre certains scientifiques (comme Laboratoires Colossal) confiants pour vouloir recréer biologiquement des hybrides de mammouths, en utilisant comme argument les bénéfices face à la séquestration du dioxyde de carbone.

Pour sa part, le crapaud doré, éteint depuis maintenant environ trente-cinq ans, a été découvert dans une zone restreinte de la réserve naturelle de Monteverde, au Costa Rica. Pourtant, malgré le fait que cette réserve naturelle soit connue pour sa diversité d’espèces vivantes, les publications scientifiques sont maigres. De plus, comme les connaissances à son sujet étaient restreintes et que l’espèce n’apportait à priori pas d’intérêts bénéfiques, les efforts pour la protéger furent quasi inexistants.

Ainsi, malgré des millénaires qui nous séparent d’espèces éteintes, parce qu’elles sont charismatiques, elles bénéficient tout de même de plus de ressources financières et matérielles que d’autres, qui mériteraient tout autant d’être préservées.

4. Changer sa manière de voir les choses

Savoir est un bon début, mais qu’est-ce que cela implique à l’échelle individuelle ?

Le but de cet article n’est pas d’inciter à boycotter les zoos ou les grandes marques qui se servent des animaux charismatiques pour promouvoir leurs articles, mais plutôt de mieux comprendre et d’agir.

  • Ainsi, se renseigner sur les marques concernées permet de comprendre s’il existe un but purement commercial pour inciter à acheter leurs produits. À travers ces représentations biaisées, il faut aussi se rendre compte du but économique. Un zoo aura plus de chances d’attirer un large public en mettant à l’honneur des animaux beaux, impressionnants et qui inspirent la compassion (s’ils sont considérés comme étant en voie d’extinction) plutôt que des animaux repoussants et classés en préoccupation mineure.
  • La même réflexion se fait pour les fondations. Est-ce que l’argent collecté est distribué équitablement dans la conservation des diverses espèces ? Si oui, est-ce que ce but de conservation et de recherche est bien concret ?
  • Enfin, protéger la biodiversité, c’est aussi protéger son jardin. En regardant par la fenêtre, la faune locale se manifeste et nécessite, elle aussi, d’être chérie. Discuter de l’évolution de l’écosystème avec des locaux, rejoindre ou initier des programmes de sensibilisation dans sa ville, participer à des applications de recensement, etc peuvent être de bons points d’ancrage.

Voici une liste non exhaustive d’applications de recensement de la faune locale :

  • Bouquetin pyrénées : initié par le parc national des Pyrénées
  • INPN Espèces : utilisable en France métropolitaine, en Corse et en Outre-mer
  • iNaturalist : disponible à travers le monde

5. Conclusion

Dans plusieurs décennies, il existe un futur dans lequel nos enfants pourront s’émerveiller devant un dérivé de mammouth, alors que ce même monde pourrait ne plus accueillir qu’une minorité d’amphibiens et de poissons, peu connus encore aujourd’hui. Comprendre l’objectif des promotions commerciales à travers l’utilisation des espèces charismatiques et s’émerveiller devant la faune et la flore, même celle que l’on pourrait considérer comme commune, à tout à nous apporter.

Sources :

Le pacte vert : solution miracle ou trou noir pour l’économie européenne ?

Si le changement climatique est un terme qui existe depuis plus d’un demi-siècle, 2019 marque un tournant significatif pour l’Union Européenne (UE). En six ans, une dizaine de nouvelles régulations ont vu le jour pour guider les économies européennes vers un avenir plus durable. L’objectif étant d’atteindre la neutralité carbone au sein de l’UE d’ici 2050, les ambitions ne sont pas des moindres, comme :

  • la promotion de l’économie circulaire,
  • la transition vers une agriculture plus durable,
  • le développement d’un plan visant à une transition équitable et inclusive pour tous.

Pourtant, beaucoup se plaignent de la quantité et de la vitesse d’implémentation des diverses directives et réglementations Européennes, telles que la SFDR (Sustainable Finance Disclosure Requirement), CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), la CSDDD (Corporate Sustainability Due Diligence Directive), etc. Est-ce que ce package que les institutions européennes promeuvent ne va pas, au contraire, envoyer l’UE et ses marchés partenaires tout droit à leur perte ?

Si le pacte vert comporte un certain nombre de régulations comme la stratégie forestière ou le règlement sur la restauration de la nature, cet article se concentre sur les directives et régulations liées à la finance durable.

Source: Le pacte vert

1. En quoi consiste le pacte vert “financier” ?

À l’origine, le pacte vert a été adopté par les membres de l’UE pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (2015). Ainsi, un plan de développement de réglementations a vu le jour pour permettre une réduction des gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 en comparaison avec les années 1990, puis une neutralité carbone d’ici 2050 en Europe. 

En termes de durabilité financière, le pacte vert a donné naissance à plusieurs directives importantes pour les entreprises. Voici une liste comprenant les principales régulations visées par les récents débats :

  • La SFDR mandate les compagnies à reporter en annexe de leurs états financiers  leurs investissements durables. Cela permet ainsi aux investisseurs de pouvoir se tourner vers des stratégies plus durables ainsi qu’aux compagnies de promouvoir leur marque.
  • À travers la CSRD, les grandes entreprises et les PME, entre autres, doivent produire un rapport annuel sur un certain nombre d’informations non-financières. Celles-ci sont dues à l’impact des activités des entreprises sur l’environnement et la société.
  • La CSDDD renforce l’identification et la vérification d’informations sur les incidences dues aux activités négatives des entreprises.
  • La taxonomie verte permet de classifier les investissements qui ont pour stratégie une activité économique durable. 

Alors que la SFDR est entrée en vigueur en 2021, les autres réglementations sont encore en cours de développement au moment de la sortie de cet article. Il est donc possible que certaines informations divergent avec le temps.

Il est bien de noter que le greenwashing qu’incitent ces rapports est fortement réduit avec l’obligation d’auditer ces rapports de durabilité avant leur publication.

2. Observations d’une évolution rapide (2019-2023)

Contre toute attente, le frein dans le quotidien des citoyens européens que le COVID-19 a engendré, a permis au pacte vert de s’implanter dans des esprits qui avaient besoin d’une vision futuriste positive. Mais cela a aussi ouvert les yeux de beaucoup face à l’aggravation des problèmes d’approvisionnement et de crise énergétique qui en découlaient. Avec le changement climatique et les inégalités sociales mis sous les projecteurs, le projet a pu prôner la croissance et la stabilité. 

Malheureusement, si le COVID-19 a déclenché un mouvement vert, celui-ci a été relégué au second plan pour permettre au “Plan de relance post-Covid NextGenEU” de soutenir les citoyens pour se relever de cette année éprouvante.

Donal Trump – Crédit photographie : Unsplash

À l’international, les avis divergent tout autant. Si beaucoup saluent l’initiative de l’UE et s’en servent pour imbriquer davantage leurs relations commerciales, ce n’est pas le cas de tous. Aux Etats-Unis, les élections de Trump relancent des débats pour le moins incertains sur les relations avec les marchés européens. Quant à la Chine, l’initiative du pacte vert apportait une perspective de transition verte bienvenue par les experts chinois. Cependant, l’affaiblissement de l’UE face à la guerre en Ukraine et le fait que le marché économique Chinois reste principalement visé par les différentes stratégies (par ex. l’initiative de rendre le prix des voitures électriques européennes plus attractif) n’engendre pas une perception positive de l’UE par la Chine. Tout porte à croire que des conséquences négatives pourraient en découler si l’UE ne tend pas vers un changement de stratégie pour jouer un rôle moteur dans une perception et une collaboration plus positive avec les marchés économiques chinois.

Du côté des entreprises, ce n’est pas une surprise que ces dernières se plaignent de l’augmentation de la charge administrative face à une économie qui peine à talonner ses plus grands concurrents. Bien que les grandes entreprises aient plus de ressources à leur portée pour s’adapter dans les temps, les PME ont quant à elles, besoin de beaucoup plus de ressources technologiques et employables pour se mettre à la page dans les délais impartis.

3. La CSRD déclenche-t-elle un frein au processus européen ?

Alors que le délai pour transposer la directive dans la loi nationale a expiré le 6 juillet 2024, la moitié des pays membres n’ont pas encore terminé le processus, malgré une lettre publiée par la Commission Européenne ouvrant les procédures d’infractions. Certains pays comme le Luxembourg et l’Allemagne révisent encore leur brouillon de la transposition, alors que le Portugal et l’Autriche n’ont pas encore initié de transposition officielle.

De plus, un certain nombre d’entreprises non-européennes liquident leurs filiales installées dans l’UE, pour éviter de devoir entreprendre ce lourd projet ainsi que de dévoiler des chiffres qui ne sont potentiellement pas au niveau des attentes des consommateurs.

De plus, ce 26 février a marqué un retour en arrière face aux efforts environnementaux et sociaux fournis ces dernières années. La commission européenne a annoncé un revirement dans le plan initial : la simplification des charges de reporting des entreprises (Omnibus Simplification Package en anglais). Après des années de création de régulations visant à promouvoir la durabilité au sein des entreprises, un nouveau chantier est entrepris, mais cette fois pour déréguler. Une décision qui fait souffler de soulagement bon nombre de sociétés qui n’étaient pas prêtes pour la quantité d’information durables administratives à fournir, mais qui réduit aussi des années d’efforts pour construire ces standards (ESRS, Taxonomie Européenne, etc). A ce jour, rien n’est encore joué, la nouvelle proposition devant encore passer devant le parlement et le conseil européens. Une longue période d’incertitude est encore à venir.

4. Conclusion

Il y a fort à croire que beaucoup d’entreprises vont continuer à faire barrage à l’avancée des directives environnementales futures, comme indiqué lors d’un débat entre le premier ministre Luxembourgeois Luc Frieden et la Fedil (fédération entrepreneuriale multisectorielle au Luxembourg).

Pourtant, beaucoup de start-up et de PME (Petites et Moyennes Entreprises) voient la transition environnementale comme un atout pour leur croissance. Les consommateurs, quant à eux, demandent à ce que les entreprises prennent plus d’initiatives pour l’environnement et la justice sociale. Ainsi, le pouvoir de décision ne réside pas que dans les mains des grandes entreprises, mais dans la voix des consommateurs finaux.

Faut-il voir ce revirement de décision comme une défaite de la part de la Commission Européenne face à la frustration et l’indignation grandissantes des entreprises ? Ou plutôt comme une stratégie visant à redonner un coup de fouet à l’économie européenne, tangible depuis ces derniers mois ?

Pour approfondir

Cet article s’est centré principalement sur les relations externes avec la Chine et les États-Unis. Si vous êtes intéréssés par une analyse plus diversifiée, Sève le média vous invite à lire l’étude de Ifri datant de 2024 (seulement disponible en version anglaise)

Sources :

La piétonisation : réinventer le centre-ville pour l’avenir

Les centres-villes, autrefois lieux de rencontre et de vie sociale intense, sont aujourd’hui souvent envahis par les voitures. La congestion, la pollution et le bruit ont fait perdre à ces espaces leur fonction première : celle de rassembler les habitants dans un cadre agréable et sécurisé. Avec l’urbanisation croissante, ces problèmes deviennent de plus en plus pressants. 

Au-delà des questions environnementales, se pose une réflexion fondamentale sur la manière de vivre et de se déplacer en ville. Comment rendre les centres-villes plus accessibles, conviviaux et adaptés à un mode de vie plus local et durable ?

Dans cet article, nous explorerons comment la piétonisation peut transformer les centres-villes en espaces propices à la circulation douce et à la déambulation, en répondant aux inquiétudes des commerçants et des habitants. Nous aborderons la question des transports en commun, de la revitalisation des circuits courts et de la redécouverte d’une vie urbaine centrée sur la proximité.

1. Revaloriser la déambulation urbaine

La piétonisation transforme les centres-villes en espaces de déambulation, où chacun peut circuler librement et sécuritairement Les rues libérées des voitures deviennent des lieux agréables pour marcher, faire du vélo ou simplement flâner. Ces aménagements favorisent une vie urbaine plus calme, où les habitants peuvent prendre le temps de profiter de leur environnement. Les parents laissent leurs enfants jouer dans des rues sécurisées, les personnes âgées retrouvent une autonomie de déplacement, et les espaces publics deviennent des lieux de rencontre et d’échange.

Publication réseaux sociaux de : Les Écologistes – Grand Lyon Métropole le 9 octobre 2024

Un des points centraux de la piétonisation est la redécouverte d’un mode de vie plus local. En facilitant l’accès aux commerces de proximité et aux services, les habitants n’ont plus besoin de se déplacer loin pour répondre à leurs besoins quotidiens. Cette réduction des distances encourage une consommation plus durable et renforce le tissu social.

Image officielle de la rue Jean Fabre du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

Un des points centraux de la piétonisation est la redécouverte d’un mode de vie plus local. En facilitant l’accès aux commerces de proximité et aux services, les habitants n’ont plus besoin de se déplacer loin pour répondre à leurs besoins quotidiens. Cette réduction des distances encourage une consommation plus durable et renforce le tissu social.

À Lyon, par exemple, les rues Ferrandière et Quatre Chapeaux, récemment réaménagées, témoignent déjà de cette transformation. Depuis le printemps 2024, ces rues offrent des espaces végétalisés et des mobiliers urbains invitant à la pause et à la discussion. Les commerçants locaux, bénéficiant d’une augmentation de la fréquentation piétonne, observent une dynamique économique renouvelée. D’ici l’été 2025, ce secteur deviendra une aire piétonne complète.

Image officielle de la rue Ferrandière du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

En parallèle, le projet lyonnais met également en valeur le patrimoine architectural et culturel des quartiers concernés. Le Bas des Pentes, rendu aux piétons depuis l’automne 2023, permet aux habitants et visiteurs de redécouvrir la richesse de ce quartier emblématique tout en profitant de son ambiance commerçante et conviviale.

2. Qui des commerces

Contrairement aux idées reçues, la piétonisation peut être bénéfique pour les commerçants. Bien qu’ils craignent souvent une perte de clients due à l’absence de stationnement, de nombreuses études montrent que les piétons passent plus de temps dans les zones commerçantes que les automobilistes, augmentant ainsi leur propension à consommer. Un exemple marquant est celui de Madrid, où les commerçants avaient dénoncé une perte de 15 % de chiffre d’affaires après la piétonisation de certaines rues. Cependant, un an plus tard, selon Les Echos, le chiffre d’affaires du quartier avait augmenté de 8,6 %. Cette tendance montre que les rues piétonnes peuvent devenir des catalyseurs économiques pour le commerce local, à condition que les besoins des commerçants soient pris en compte dans les aménagements.

Cet exemple est repris en France par la Métropole de Lyon, qui envisage la piétonisation partielle de son centre-ville d’ici 2026. Selon leur communication, 70 % des clients de la ville se déplacent déjà à pied, à vélo ou en transport en commun, et 86 % consomment grâce aux commerces de proximité. Enfin, un chiffre saisissant révèle que 77 % des clients seraient favorables à la « dévoiturisation » des centres-villes. Cette évolution témoigne du changement de mentalité en faveur de la piétonisation, non seulement pour des raisons environnementales, mais aussi pour des raisons économiques et sociales.

Orange : les espaces déjà piétonnisés (avant 2023)
Rouge : les nouveaux espaces piétons entre 2023 et 2025

3. Accessibilité, patrimoine et transport en commun

La piétonisation suscite souvent des inquiétudes légitimes de la part des habitants et des commerçants. Les principales objections concernent l’accessibilité, notamment pour les personnes âgées, les familles avec enfants ou les personnes en situation de handicap, ainsi que la logistique des livraisons commerciales. Pour que la piétonisation soit acceptée et bénéfique pour tous, ces problèmes doivent être anticipés et résolus.

Les solutions incluent le développement de transports en commun efficaces, accessibles et peu coûteux. Des navettes électriques, des tramways ou des bus propres peuvent desservir les centres-villes pour offrir une alternative pratique à la voiture individuelle. Les parkings relais situés en périphérie permettent de garer les véhicules et d’accéder facilement au centre en transport en commun. Ces infrastructures doivent être complétées par des aménagements pour les mobilités douces, comme des pistes cyclables et des trottoirs larges.

À Lyon, le réaménagement de la rue Grenette, prévu pour l’été 2025, intégrera une voie mixte bus-vélos, favorisant des déplacements sécurisés pour tous. Parallèlement, le pôle bus des Cordeliers, dont la première phase sera livrée dès juin 2025, permettra des correspondances fluides entre les différentes lignes de transport en commun, renforçant ainsi l’attractivité de la Presqu’île. De plus, ce projet inclut la végétalisation de la place des Cordeliers, créant ainsi un espace de fraîcheur et de détente en plein cœur de la ville.

Projection officielle de la rue Grenette du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

En mettant l’accent sur la plantation d’arbres et la création de zones ombragées, la piétonisation contribue également à lutter contre les îlots de chaleur en ville. À Lyon, des rues comme Joseph Serlin (le long de l’Hôtel de Ville – à droite sur l’image ci-dessous) et le parvis du lycée Ampère-Bourse, dont les travaux s’achèveront en 2026, seront transformées en espaces végétalisés offrant des lieux agréables pour se promener ou se retrouver. Ces aménagements témoignent de la manière dont la piétonisation peut réconcilier patrimoine historique et enjeux environnementaux.

Projection officielle de la rue Joseph Serlin du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

Pour les commerçants, des solutions logistiques innovantes peuvent être mises en place, telles que des vélos-cargos ou des véhicules électriques pour les livraisons. Des plages horaires spécifiques peuvent être dédiées à l’approvisionnement des boutiques afin de minimiser les perturbations.

Enfin, il est essentiel de mener des campagnes de concertation avec les habitants et les acteurs économiques avant de lancer les projets de piétonnisation. Une approche participative permet de mieux comprendre les besoins locaux et de co-construire des solutions adaptées. L’idéal est de faire de la piétonisation une opportunité partagée, et non une contrainte imposée.

4. Vers des villes à courtes distances

La piétonisation s’inscrit dans une réflexion plus large sur la manière de vivre en ville. Le concept de « ville du quart d’heure », popularisé par Carlos Moreno, propose une organisation urbaine où chaque habitant peut accéder à ses besoins essentiels (travail, éducation, loisirs, commerces) en moins de quinze minutes à pied ou à vélo. Ce modèle invite à repenser la proximité et à encourager les circuits courts.

En favorisant les déplacements doux et en réduisant la dépendance à la voiture, la piétonisation contribue à une vie urbaine plus durable et moins stressante. Les habitants gagnent en temps et en qualité de vie, tandis que les villes deviennent plus résilientes face aux crises économiques ou écologiques.

Les premières livraisons à Lyon démontrent l’impact positif de ces transformations. Depuis l’automne 2023, le secteur du Bas des Pentes, rendu entièrement piéton, offre un cadre de vie apaisé et attractif, où les habitants et visiteurs profitent des commerces et du patrimoine local. Ce projet s’inscrit dans une démarche progressive : en 2026, des rues comme la rue Serlin ou le parvis du lycée Ampère-Bourse, déjà mentionnés et aujourd’hui en chantier, viendront compléter ces espaces apaisés.

Projection officielle du secteur des halles de la Martinière du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

5. Redonner le centre-ville à ses habitants

La piétonisation des centres-villes n’est pas qu’une simple réorganisation de l’espace urbain. Elle représente une véritable transformation sociétale, orientée vers une vie plus locale, plus apaisée et plus inclusive. En répondant aux besoins de circulation et en renforçant l’attractivité des commerces, elle peut réconcilier modernité et tradition.

Pour que cette révolution urbaine soit une réussite, il est essentiel de prévoir des solutions de transport adaptées, d’impliquer les habitants et de valoriser les circuits courts. Avec une planification rigoureuse et une volonté collective, la piétonisation peut redonner aux centres-villes leur rôle de cœur vivant et humain de nos sociétés.

Sources :

Les montagnes deviennent de plus en plus dangereuses avec le réchauffement climatique

Les Alpes se réchauffent 1,5 à 2 fois plus rapidement que la moyenne mondiale, ce qui représente aujourd’hui au moins 2°C d’augmentation depuis l’ère industrielle dans ce massif montagneux. Cette accélération est due à plusieurs facteurs combinés, comme la réflexion des rayons solaires par la neige (albédo) ou l’altitude qui amplifie les effets du changement climatique. Les sommets, comme les pôles, deviennent des lieux où les conséquences du réchauffement climatique sont particulièrement visibles et ressenties.

Les Alpes, en particulier, sont de plus en plus dangereuses. Entre la fonte du permafrost, la hausse de fréquence des avalanches, l’intensification des crues et des coulées de boue, ainsi que les effets sur les glaciers, les montagnes connaissent une transformation accélérée. Sève le média vous explique pourquoi les zones de montagne deviennent plus risquées et vous donne quelques exemples pour mieux comprendre cette évolution.

1. La fonte du Permafrost

Le permafrost, un sol gelé en permanence, est souvent associé aux pôles, mais il existe aussi en haute montagne, au-delà de 3 500 mètres d’altitude environ dans les Alpes. Ce permafrost joue un rôle essentiel : il agit comme un ciment, consolidant les parois rocheuses et stabilisant les terrains.

Cependant, avec le réchauffement climatique, ce permafrost fond rapidement en été, provoquant une déstabilisation des sols et des parois là où le sol dégèle. En été, les périodes de fortes chaleurs en haute altitude entraînent des chutes de pierres plus fréquentes et plus importantes. Ces éboulements représentent un danger direct pour les personnes pratiquant des activités en montagne comme l’alpinisme, que ce soit pour les loisirs ou pour le travail.

Les infrastructures situées en altitude sont également menacées : les remontées mécaniques en station de ski, les refuges et même certains bâtiments doivent être repensés ou renforcés pour faire face à ces risques. Pour les alpinistes et randonneurs, cela implique d’éviter les sorties par temps chaud ou ensoleillé, où les chutes de pierres sont les plus probables, par exemple.

2. Avalanches, crues et coulées de boue : des phénomènes amplifiés

Le dérèglement climatique se traduit aussi par des précipitations plus intenses et plus fréquentes. En automne 2020, la vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes, a été dévastée par des crues exceptionnelles qui ont détruit routes, ponts et habitations, comme le montre cette vidéo publiée par France 24:

Ces événements, jusqu’alors rares, deviennent de plus en plus fréquents et violents.

En montagne, ces crues touchent souvent des zones reculées et difficiles d’accès, avec peu d’habitants. Cela pose un double problème : les réparations prennent du temps, et ces régions ne sont pas une priorité pour les autorités. Les habitants se retrouvent isolés, souvent sans aide pour reconstruire ou réparer les dégâts.

Les coulées de boue sont un autre effet secondaire des précipitations intenses. Lorsque les sols ne peuvent plus absorber l’eau, des glissements de terrain peuvent survenir. Ces coulées, rapides et destructrices, représentent un danger croissant pour les villages et infrastructures situés en bordure de rivière, en aval.

En hiver, une neige abondante tombant en peu de temps augmente le risque d’avalanches les heures et jours suivants. Le manteau neigeux devient instable, surtout lorsque les températures fluctuent (après un réchauffement brusque par exemple). Après une forte chute de neige, les jours suivants sont souvent critiques, rendant la montagne particulièrement dangereuse pour les skieurs et les randonneurs.

Photographie : Julien Fautrat – RTL

3. GLOF : les inondations glaciaires

Un autre phénomène inquiétant lié au réchauffement climatique est le GLOF (Glacial Lake Outburst Flood). En été, la fonte rapide des glaciers crée des poches d’eau dans les glaciers, sous ceux-ci, ou dans un lac se formant en contrebas. Ces réservoirs sont maintenus par des parois de glace ou par une moraine, mais lorsque la pression devient trop grande et le poids trop important, la glace ou la moraine* peut céder brutalement.

Ce phénomène provoque une crue soudaine, libérant des millions de mètres cubes d’eau dans la vallée en contrebas. Ce fut notamment le cas en 2022, en Italie, où un événement similaire sur le glacier de la Marmolada a été déclenché suite à la rupture d’une poche d’eau de fonte qui s’était formée dans le glacier suite à plusieurs jours de fortes chaleurs. Des images de l’évènement ont été publiées par le Parisien :

Les glaciers de l’Himalaya, bien plus vastes, posent un risque encore plus grand pour les populations locales.

Les inondations glaciaires mettent en danger les alpinistes présents sur les glaciers, ainsi que les infrastructures en aval, comme les routes, les ponts ou les villages.

4. Conséquences économiques et hydriques

Les Alpes jouent un rôle clé dans l’économie locale grâce au tourisme. Les stations de ski attirent des millions de visiteurs chaque hiver, tandis que l’été est une saison prisée pour la randonnée. Mais avec le réchauffement climatique, les stations de basse altitude manquent de neige et ferment déjà. À terme, cette tendance menace tout un pan de l’économie montagnarde.

En parallèle, les infrastructures existantes, comme les routes, les barrages ou les tunnels, doivent être réparées de plus en plus fréquemment en raison des éboulements ou des crues plus fréquents. Ces coûts supplémentaires pèsent sur les budgets locaux et régionaux.

L’accès à l’eau est également un enjeu majeur. Dans certaines régions montagneuses, notamment en Himalaya, les populations dépendent de la fonte des glaciers pour leur approvisionnement en eau, que ce soit pour son utilisation directe au foyer, ou pour l’irrigation des champs en aval. Si ces glaciers fondent trop vite, cela pourrait entraîner une abondance temporaire d’eau, suivie d’une pénurie lorsque les glaciers auront considérablement réduit en taille.

Dans les Alpes françaises, l’impact sur l’accès à l’eau est encore limité.

5. Quelles solutions face à ces risques ?

Pour faire face à ces risques, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées :

– Développer des systèmes de surveillance pour détecter les instabilités est une priorité. Des technologies comme les capteurs thermiques, les drones peuvent permettre d’anticiper les risques liés à la fonte du permafrost ou aux ruptures de lacs glaciaires. Ces systèmes doivent être déployés dans les zones les plus à risque pour protéger les infrastructures et les populations.

– Il est crucial de construire des infrastructures capables de résister à des événements extrêmes. Cela implique de repenser les normes de construction et d’éviter de bâtir dans des zones à risque. Les zones déjà exposées doivent être réaménagées pour minimiser les dangers, en renforçant les ponts, les tunnels ou les barrages.

– Pour réduire la dépendance à la neige, les stations de ski doivent se réinventer en proposant des activités toute l’année, comme le vélo, la randonnée, ou le bien-être en montagne. Cela permettrait d’atténuer les impacts économiques du réchauffement climatique sur le tourisme.

– Pour les alpinistes et amateurs de sports de montagne, il est essentiel de mieux se préparer et de se renseigner sur les conditions avant toute sortie. En été, éviter les journées trop chaudes et privilégier les départs tôt le matin peut réduire les risques liés aux chutes de pierres par exemple.

Conclusion

Les montagnes, et en particulier les Alpes, deviennent des zones à risques accrus sous l’effet du réchauffement climatique. Les phénomènes comme la fonte du permafrost, les avalanches, et les crues rendent ces environnements plus instables et dangereux pour les habitants, les visiteurs, et les infrastructures.

Face à ces défis, il est urgent d’agir. La surveillance des zones sensibles, l’adaptation des infrastructures, et la diversification des activités touristiques sont autant de pistes pour limiter les impacts. Mais ces solutions nécessitent des investissements conséquents et une coordination entre les acteurs locaux, nationaux et internationaux.

Les montagnes, malgré leur beauté et leur grandeur, sont aujourd’hui des témoins directs du changement climatique. Les préserver est un défi majeur pour les générations actuelles et futures.

 

*moraine : Une moraine est une accumulation de débris rocheux transportés et déposés par un glacier, formant des structures caractéristiques qui témoignent de son avancée ou de son retrait.