La piétonisation : réinventer le centre-ville pour l’avenir

Les centres-villes, autrefois lieux de rencontre et de vie sociale intense, sont aujourd’hui souvent envahis par les voitures. La congestion, la pollution et le bruit ont fait perdre à ces espaces leur fonction première : celle de rassembler les habitants dans un cadre agréable et sécurisé. Avec l’urbanisation croissante, ces problèmes deviennent de plus en plus pressants. 

Au-delà des questions environnementales, se pose une réflexion fondamentale sur la manière de vivre et de se déplacer en ville. Comment rendre les centres-villes plus accessibles, conviviaux et adaptés à un mode de vie plus local et durable ?

Dans cet article, nous explorerons comment la piétonisation peut transformer les centres-villes en espaces propices à la circulation douce et à la déambulation, en répondant aux inquiétudes des commerçants et des habitants. Nous aborderons la question des transports en commun, de la revitalisation des circuits courts et de la redécouverte d’une vie urbaine centrée sur la proximité.

1. Revaloriser la déambulation urbaine

La piétonisation transforme les centres-villes en espaces de déambulation, où chacun peut circuler librement et sécuritairement Les rues libérées des voitures deviennent des lieux agréables pour marcher, faire du vélo ou simplement flâner. Ces aménagements favorisent une vie urbaine plus calme, où les habitants peuvent prendre le temps de profiter de leur environnement. Les parents laissent leurs enfants jouer dans des rues sécurisées, les personnes âgées retrouvent une autonomie de déplacement, et les espaces publics deviennent des lieux de rencontre et d’échange.

Publication réseaux sociaux de : Les Écologistes – Grand Lyon Métropole le 9 octobre 2024

Un des points centraux de la piétonisation est la redécouverte d’un mode de vie plus local. En facilitant l’accès aux commerces de proximité et aux services, les habitants n’ont plus besoin de se déplacer loin pour répondre à leurs besoins quotidiens. Cette réduction des distances encourage une consommation plus durable et renforce le tissu social.

Image officielle de la rue Jean Fabre du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

Un des points centraux de la piétonisation est la redécouverte d’un mode de vie plus local. En facilitant l’accès aux commerces de proximité et aux services, les habitants n’ont plus besoin de se déplacer loin pour répondre à leurs besoins quotidiens. Cette réduction des distances encourage une consommation plus durable et renforce le tissu social.

À Lyon, par exemple, les rues Ferrandière et Quatre Chapeaux, récemment réaménagées, témoignent déjà de cette transformation. Depuis le printemps 2024, ces rues offrent des espaces végétalisés et des mobiliers urbains invitant à la pause et à la discussion. Les commerçants locaux, bénéficiant d’une augmentation de la fréquentation piétonne, observent une dynamique économique renouvelée. D’ici l’été 2025, ce secteur deviendra une aire piétonne complète.

Image officielle de la rue Ferrandière du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

En parallèle, le projet lyonnais met également en valeur le patrimoine architectural et culturel des quartiers concernés. Le Bas des Pentes, rendu aux piétons depuis l’automne 2023, permet aux habitants et visiteurs de redécouvrir la richesse de ce quartier emblématique tout en profitant de son ambiance commerçante et conviviale.

2. Qui des commerces

Contrairement aux idées reçues, la piétonisation peut être bénéfique pour les commerçants. Bien qu’ils craignent souvent une perte de clients due à l’absence de stationnement, de nombreuses études montrent que les piétons passent plus de temps dans les zones commerçantes que les automobilistes, augmentant ainsi leur propension à consommer. Un exemple marquant est celui de Madrid, où les commerçants avaient dénoncé une perte de 15 % de chiffre d’affaires après la piétonisation de certaines rues. Cependant, un an plus tard, selon Les Echos, le chiffre d’affaires du quartier avait augmenté de 8,6 %. Cette tendance montre que les rues piétonnes peuvent devenir des catalyseurs économiques pour le commerce local, à condition que les besoins des commerçants soient pris en compte dans les aménagements.

Cet exemple est repris en France par la Métropole de Lyon, qui envisage la piétonisation partielle de son centre-ville d’ici 2026. Selon leur communication, 70 % des clients de la ville se déplacent déjà à pied, à vélo ou en transport en commun, et 86 % consomment grâce aux commerces de proximité. Enfin, un chiffre saisissant révèle que 77 % des clients seraient favorables à la « dévoiturisation » des centres-villes. Cette évolution témoigne du changement de mentalité en faveur de la piétonisation, non seulement pour des raisons environnementales, mais aussi pour des raisons économiques et sociales.

Orange : les espaces déjà piétonnisés (avant 2023)
Rouge : les nouveaux espaces piétons entre 2023 et 2025

3. Accessibilité, patrimoine et transport en commun

La piétonisation suscite souvent des inquiétudes légitimes de la part des habitants et des commerçants. Les principales objections concernent l’accessibilité, notamment pour les personnes âgées, les familles avec enfants ou les personnes en situation de handicap, ainsi que la logistique des livraisons commerciales. Pour que la piétonisation soit acceptée et bénéfique pour tous, ces problèmes doivent être anticipés et résolus.

Les solutions incluent le développement de transports en commun efficaces, accessibles et peu coûteux. Des navettes électriques, des tramways ou des bus propres peuvent desservir les centres-villes pour offrir une alternative pratique à la voiture individuelle. Les parkings relais situés en périphérie permettent de garer les véhicules et d’accéder facilement au centre en transport en commun. Ces infrastructures doivent être complétées par des aménagements pour les mobilités douces, comme des pistes cyclables et des trottoirs larges.

À Lyon, le réaménagement de la rue Grenette, prévu pour l’été 2025, intégrera une voie mixte bus-vélos, favorisant des déplacements sécurisés pour tous. Parallèlement, le pôle bus des Cordeliers, dont la première phase sera livrée dès juin 2025, permettra des correspondances fluides entre les différentes lignes de transport en commun, renforçant ainsi l’attractivité de la Presqu’île. De plus, ce projet inclut la végétalisation de la place des Cordeliers, créant ainsi un espace de fraîcheur et de détente en plein cœur de la ville.

Projection officielle de la rue Grenette du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

En mettant l’accent sur la plantation d’arbres et la création de zones ombragées, la piétonisation contribue également à lutter contre les îlots de chaleur en ville. À Lyon, des rues comme Joseph Serlin (le long de l’Hôtel de Ville – à droite sur l’image ci-dessous) et le parvis du lycée Ampère-Bourse, dont les travaux s’achèveront en 2026, seront transformées en espaces végétalisés offrant des lieux agréables pour se promener ou se retrouver. Ces aménagements témoignent de la manière dont la piétonisation peut réconcilier patrimoine historique et enjeux environnementaux.

Projection officielle de la rue Joseph Serlin du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

Pour les commerçants, des solutions logistiques innovantes peuvent être mises en place, telles que des vélos-cargos ou des véhicules électriques pour les livraisons. Des plages horaires spécifiques peuvent être dédiées à l’approvisionnement des boutiques afin de minimiser les perturbations.

Enfin, il est essentiel de mener des campagnes de concertation avec les habitants et les acteurs économiques avant de lancer les projets de piétonnisation. Une approche participative permet de mieux comprendre les besoins locaux et de co-construire des solutions adaptées. L’idéal est de faire de la piétonisation une opportunité partagée, et non une contrainte imposée.

4. Vers des villes à courtes distances

La piétonisation s’inscrit dans une réflexion plus large sur la manière de vivre en ville. Le concept de « ville du quart d’heure », popularisé par Carlos Moreno, propose une organisation urbaine où chaque habitant peut accéder à ses besoins essentiels (travail, éducation, loisirs, commerces) en moins de quinze minutes à pied ou à vélo. Ce modèle invite à repenser la proximité et à encourager les circuits courts.

En favorisant les déplacements doux et en réduisant la dépendance à la voiture, la piétonisation contribue à une vie urbaine plus durable et moins stressante. Les habitants gagnent en temps et en qualité de vie, tandis que les villes deviennent plus résilientes face aux crises économiques ou écologiques.

Les premières livraisons à Lyon démontrent l’impact positif de ces transformations. Depuis l’automne 2023, le secteur du Bas des Pentes, rendu entièrement piéton, offre un cadre de vie apaisé et attractif, où les habitants et visiteurs profitent des commerces et du patrimoine local. Ce projet s’inscrit dans une démarche progressive : en 2026, des rues comme la rue Serlin ou le parvis du lycée Ampère-Bourse, déjà mentionnés et aujourd’hui en chantier, viendront compléter ces espaces apaisés.

Projection officielle du secteur des halles de la Martinière du site Métropole Grand Lyon pour illustrer la page Lyon Presqu’île à vivre.

5. Redonner le centre-ville à ses habitants

La piétonisation des centres-villes n’est pas qu’une simple réorganisation de l’espace urbain. Elle représente une véritable transformation sociétale, orientée vers une vie plus locale, plus apaisée et plus inclusive. En répondant aux besoins de circulation et en renforçant l’attractivité des commerces, elle peut réconcilier modernité et tradition.

Pour que cette révolution urbaine soit une réussite, il est essentiel de prévoir des solutions de transport adaptées, d’impliquer les habitants et de valoriser les circuits courts. Avec une planification rigoureuse et une volonté collective, la piétonisation peut redonner aux centres-villes leur rôle de cœur vivant et humain de nos sociétés.

Sources :